LA DOULOUREUSE SITUATION DE L'APRES-GUERRE

 

Durant la guerre, et après la guerre, en plus des soldats morts laissant en France 3 millions de veuves et 5 millions d'orphelins, de nombreux soldats de retour de la guerre ou des hôpitaux sont gravement handicapés de blessures reçues au front : amputés du visage, aveugles, gazés, défigurés etc..., ces hommes représentent 6,5 millions d'invalides pour près de 300 000 mutilés à 100%.

En majorité, ces blessés sont des hommes âgés de 19 à 40 ans.

Alors que la reconstruction du pays nécessite un énorme travail, leur invalidité limite la main-d'oeuvre et le temps disponible, ainsi donc que la reprise économique du fait de leur incapacité à pratiquer une activité professionnelle et parce que l'Etat était contraint de verser à chacun d'eux une pension.

 

Afin de réparer les dégâts physiques et psycho-sociaux de la guerre, des centres sont ouverts pour proposer des méthodes de camouflage ou de réparation des visages abîmés.

L'expression "Gueules cassées" aurait été introduite par le Colonel Yves Picot alors qu'on lui refusait l'entrée à un séminaire donné à la Sorbonne sur les mutilés de guerre ( Yves Picot, président fondateur des "gueules cassées. http://www.gueules-cassees.asso.fr).

 

PROCEDES DE REPARATION ESTHETIQUE

APPAREILS

L'OUVRE-BOUCHE : 

   On retrouve plusieurs variétés d'ouvre-bouche dans les différents services spécialisés.

L'appareil est placé dans la bouche du blessé et maintenu de manière à étirer les muscles des mâchoires et à l'aider à recouvrer l'élasticité musculaire.

Une graduation permet de mesurer la progression de la mécanothérapie; celle-ci mobilise le blessé pour une durée de plusieurs jours à plusieurs jours à plusieurs mois.

LE PROCEDE DES SACS

   Décrit par le médecin PTISCH lors du Congrès dentaire en 1916, le procédé des sacs consiste en un placement de 2 plaquettes de bois de 20 cm de longueur dans la bouche et de la suspension à ces languettes de sacs plus ou moins lourds (jusqu'à 3 kg suspendus à la machoire) afin de replacer la bouche dans sa position originelle. (http://documentaire.wordpress.com/)

 

LA GOUTTIERE DE CONTENTION

     Placée dans la bouche, elle permet de soutenir et de replacer les maxillaires.

 

LE CASQUE DE DARCISSAC

     Nécessitant une immobilisation de 2 à 3 semaines, ces casques quoique relativement efficaces pour replcer grossièrement les traits du visage présentaient des inconvénients: ils fatiguaient les blesses qui salivaient trop du fait de l'ouverture permanente de leur bouche. De plus, le casque tournait autour de la tête du blessé provoquant de vives douleurs.

Il avait pour fonction la consolidation des fractures.

 

GREFFES

Greffes ostéopériostiques

    La méthode s'appuie sur la fonction secrétante du périste (membrane fibreuse qui entoure l'os et seule partie de l'os véritablement active).

Il s'agissait de prélever un greffon sur la face interne du tibia du blessé et de le poser sur la région réceptrice. Le greffon, très malléable, s'appliquait sur la perte de substance en prenant la forme voulue, assurant le rétablissement complet et solide de la continuité osseuse.

En dépit de certaines réticences manifestées par une partie du monde médical, les greffes ostéo-périostiques permettait de corriger les difformités faciales et d'obtenir un résultat fonctionnel certain.

 

Greffe Dufourmentel

    Léon Dufourmentel, médecin, trouva un procédé permettant de combler les trous de chair : il prélevait des lambeaux de cuir chevelu sur le crâne des patients et les greffait essentiellement au niveau du menton.

Il n'y avait, de ce fait, pas de rejet possible.

 

La greffe italienne

    Qualifiée d'archaïque, car reprenant des procédés inventés au 16è siècle, cette méthode consistait à découper un lambeau de peau du bras à apposer sur le visage dans la plaie afin que celle-ci se ferme grâce à la peau fournie et à maintenir à l'aide d'une strcture métallique le bras sanglant au visage afin de vasculariser la plaie pour qu'elle se referme.

 

LES PROTHESES

 

Yeux : les opérations de l'oeil étaient impossibles à réaliser ; de ce fait, on plaçait de faux yeux sous la paupière et on masquait la différence de niveau assez marquée à ce niveau par des lunettes.

 

La région nasale  inférieure pouvait être réparée mais pas la supérieure, qui nécessitait la pose d'un faux nez suspendu par des lunettes.

ACCUEIL DES GUEULES CASSEES

 

Si le visage de l'individu nécessitait des soins, il était photographié de face et de profil puis un moule de son visage éttait effectué.

 

Mais si les réparations étaient impossibles, il reste 2 solutions: soit le mutilé s'accepte tel qu'il est et prend le courage de s'exposer aux regards, soit il a recours aux prothèses.

 

 

 

TRAITEMENT PSYCHOLOGIQUE

La violence des combats aggravée par l'usage intense d'armes nouvelles telles les gaz de combat provoqua chez nombre de survivants des séquelles psychologiques parfois irréversibles et impressionnantes.

 

Ce phénomène, plus tard dénommé syndrome de stress post-traumatique, se manifestait de diverses manières :

  - tremblements incessants, pouvant aller jusqu'à l'imposibilité du sujet de se tenir en position debout ("les trembleurs")

  - crises de terreur à l'évocation d'un fait ou la vue d'un objet rappelant la vie au front

  - hallucinations, folie

 

 

L UNION DES GUEULES CASSEES

 

L'Armistice fut signé le 11 novembre 1918, mais ce n'est qu'en juin 1919 que fut signée le traité de Versailles auquel Georges Clémenceau convia 5 représentants des gueules cassées issus de l'hôpital Val de Grâce ( appelé le "Service des Baveux") de Paris. Ils témoignaient de la violence et de la brutalité de la guerre.

 

Le mutilé se sentait exclu en raison de ses longs séjours qui le coupaient de ses activités d'auparavant dans les hôpitaux, luttant avec les procédés archaïques pour sauver son visage, source de pitié, de dégoût, mais aussi de sympathie de la part des autres individus.

Bienaimé Jourdin et Albert Jugon, deux anciens belssés soignés au Val de Grâce fondèrent le 21 juin 1921 une association, " l'union des blessés de la face et de la tête", la préfecture de police de Paris refusant le nom de "gueules cassées" .

La présidence est confiée au Colonel Yves Picot et la vice-présidence à Jourdin.

Le 25 février 1927, l'Union est reconnue d'utilité publique.

 

Laisser à moitié mort sur le champ de bataille, Jugon avait dit à ses compagnons que s'ils avaient le temps de le sauver après les autres soldats moins belssés que lui, alors il pourrait venir le rechercher.

Il fit partie des 5 soldats qui assistèrent à la signature du Traité de Versailles.

 

Les difficultés financières du début des années 1920 retardèrent la mise en oeuvre du projet de construction d'une maison des défigurés de la face.

Ce n'est qu'en 1927 que les gueules cassées purent acquérir un domaine, grâce à une souscription assortie d'une tombola, ouverte à la fin de 1925.

Inaugurée par le Président de la République gaston Doumergue le 20 juin 1927, la Maison des Gueules Cassées était un château situé en Seine-et Marne.

En 1930, l'association créa le centre de recherche maxilo-faciale à l'hôpital Lariboisière.

En 1934, fut acquit le domaine de Coudon près de Toulon.

 

Cependant, cesmaisons ne symbolisent pas seulement la fraternité unissant les défigurés, mais aussi une sorte d'exclusion à l'intérieur de la société, une non-intégration d'après-guerre.

 

Cette association, qui n'a jamais demandé de subventions publiques, après avoir lancé en lien avec les autres associations de victimes de guerre une souscription nationaleassortie d'une tombola ( les lots remportés vont du vélo à l'avion de tourisme) entre 1931 et 1933, fut financée par la Loterie Nationale devenue la Française des Jeux.

 

 

FILMOGRAPHIE:

 

  1971, Johnny s'en va-en-guerre de Dalton Trumbo

  2001,la chambre des officiers de François Dupeyron